“C’est drôle d’avoir dit ça”, le deuxième roman de Sylvie Gueunoun inspiré de faits historiques réels et personnels qui prône l’importance de dire et de transmettre

Pour la génération ayant vécu la Seconde Guerre mondiale, il est bien souvent difficile d’évoquer les souffrances endurées, tant les cicatrices émotionnelles laissées rendent la communication difficile.

Néanmoins, le partage de ces histoires de vie est crucial à bien des égards : sensibiliser aux horreurs de la guerre, honorer la mémoire des victimes, transmettre ces récits aux générations futures, apaiser des histoires familiales opaques et enrayer des schémas qui se répètent.

Paru aux Editions de l’Atlantide, C’est drôle d’avoir dit ça, est le deuxième roman de Sylvie Gueunoun.

À travers l’enquête menée par la jeune Anna, l’auteure livre une partie de son histoire familiale personnelle et plus particulièrement celle longtemps restée secrète de ses grands-parents, cachés lors de la Seconde Guerre mondiale.

Ainsi, basée sur le journal de guerre de son grand père écrit pendant l’Occupation, dont un certain nombre d’extraits est repris dans ce livre, l’histoire est ensuite romancée pour mener le lecteur vers une chute inattendue et émouvante.

Parmi les thèmes abordés : la quête identitaire qui va peu à peu dépasser les préjugés, face aux sentiments, face au choix amoureux, jusqu’à écarter le jugement.

Un roman, une enquête qui ont une étrange résonance dans le contexte des deux guerres menées actuellement.

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C’est drôle d’avoir dit ça, un roman aux accents autobiographiques

C’est drôle d’avoir dit ça est le deuxième roman de Sylvie Gueunoun.

Basée en partie sur des faits réels puis romancée, l’histoire met en scène Anna, une jeune fille fraichement installée à Paris pour ses études, dont la question de l’identité va se poser lorsqu’elle se retrouve confrontée à des questions sur son propre nom.

Des questions qui révèlent des liens inattendus avec une histoire juive – son histoire – qui a été gardée sous silence. Une histoire autre que la sienne mais qui lui appartient. La découverte de l’homonyme de son grand-père disparu durant son enfance marque le début d’une série de révélations et d’enquêtes.

Anna se lance dans un voyage initiatique à travers les méandres de son histoire familiale, avec pour guide, le journal de guerre de son grand-père. Les souvenirs se mêlent aux doutes et aux interrogations, aux non-dits, tandis qu’un terrible secret, qui risque de chambouler le socle familial, surgit.

La jeune femme se retrouve face à un dilemme : enterrer l’histoire, une fois encore, ou dévoiler la vérité au grand jour au risque de provoquer un cataclysme au sein de la famille.

Fruit de son histoire personnelle, la trame narrative est directement inspirée d’une découverte que fit l’auteure lorsqu’elle était elle-même étudiante, autour de l’histoire de ses grands-parents et de son père, cachés pendant la Seconde Guerre mondiale.

L’importance de dire ou la question de la transmission

C’est drôle d’avoir dit ça s’attache à mettre en lumière l’importance primordiale de dire et de transmettre.

Quoi ? Une histoire, personnelle mais aussi collective, longtemps tue, évitée et occultée.

Dire pour ne pas oublier, pour se libérer et exorciser un traumatisme, mais également pour s’inscrire dans une démarche de transmission, de partage et d’information auprès des générations qui ont suivi et celles à venir.

C’est drôle d’avoir dit ça est donc à la fois une enquête sur des fondements familiaux opaques, une quête identitaire, celle de la jeune Anna, mais surtout un témoignage qui se doit d’être transmis.

Il s’agit d’une incompréhension, puis d’une compréhension, d’une acceptation, et d’une interrogation.

Quatrième de couverture

« Il n’y a pas eu de cérémonie, pas d’enterrement, pas d’au revoir. Je ne devais jamais revoir mon grand-père. ».

Anna, devenue jeune étudiante insouciante, découvre en s’installant à Paris, un monde qui semble lui appartenir et dont on ne lui a jamais parlé́. Les Beaux-Arts, un Paris léger et délicieux, mais soudain des interrogations sur son nom à la résonance interdite, un journal de guerre écrit en Vendée sous l’Occupation, adressé par sa mère.

Intriguée par les incohérences et les ombres du récit familial, Anna essaie de relier les phrases du passé à celles du présent, et n’a de cesse de mener l’enquête, jusqu’à la découverte d’un secret, mais d’un choix surtout, porté par tous.

Extrait

Au bord de la mer

Attention, elle va s’envoler.
Alors j’essaye.

— Tu sais, il faut pas t’inquiéter, c’est pas grave.
Ma tête arrive à peine à la hauteur de l’accoudoir du canapé rouge où ma grand-mère est assise. Juste posée, raidie par le chagrin, elle laisse entendre un léger « oui » qui ne me dit rien.

J’ai quatre ans et mon grand-père est mort je crois.

Les boucles blondes de mes cheveux s’éparpillent sur mon visage, mon menton s’incline dans mon cou, mes lèvres frémissent, et par ce long couloir en lino gris je me précipite dans la chambre où nous dormons mes parents et moi. Je grimpe dans mon lit à barreaux en fer-blanc, je me mets à plat ventre, le visage bien enfoncé dans l’oreiller propre et, de tout mon souffle, j’éclate de rire. Il m’est impossible de retenir cette bouffée d’oxygène. Chaque fois que je relève la tête pour respirer, je vois mes parents en pleurs étendus sur le lit, et plus je ris, plus la bouffée d’oxygène m’envahit et se libère.
Il n’y a pas eu de cérémonie, pas d’enterrement, pas d’au revoir. Je ne devais jamais revoir mon grand-père. Plus tard, on me parlerait d’un cancer, d’un corps donné à la médecine. Et c’est tout

J’aurais voulu aller dans l’autre sens du temps, juste pour saisir la seconde de trop, juste pour dire, pour demander. Mais je n’ai pas pu, les mots ne sont pas sortis. Par une incontrôlable et sublime magie, mon inconscient avait emporté ma pensée ailleurs, comme la fée qui ne se laisse jamais attraper. À peine effleurée, elle avait emmené loin sa vie sacrée, ne laissant derrière elle que cette indomptable sensation de trop tard, cette esquisse de désir aussitôt envolée jusqu’à l’effacement. Et je n’avais pas osé. Parce que c’était comme ça, parce que pour eux c’était plausible.

Mais ce jour-là, j’avais perdu l’échappée au croisement du canapé rouge, flouant malgré moi le souci de la réplique, éclatant de rire au visage de ma grand-mère et à l’âme de mon grand-père.

Infos pratiques

C’est drôle d’avoir dit ça de Sylvie Gueunoun

Éditeur : ‎Editions de l’Atlantide (20 octobre 2023)

Langue‏ : ‎Français

Broché : ‎203 pages

ISBN-10‏ : ‎2493084101

ISBN-13‏ : ‎978-2493084101

Poids de l’article ‏: ‎310 g

Dimensions ‏: ‎14.5 x 1.8 x 21 cm

Prix (broché) : 16 euros

Portrait de l’auteure, Sylvie Gueunoun

L’écriture fait partie intégrante de la vie de Sylvie Gueunoun depuis de nombreuses années.

Forte d’études de lettres et d’une formation au Conservatoire de théâtre, elle devient comédienne, journaliste, pigiste pour des magazines nationaux, rédactrice pour une maison d’édition, ou encore animatrice d’ateliers d’écriture de scénarii.

Auteure depuis plusieurs années, cette maman de trois enfants possède un attrait tout particulier pour les questions philosophiques et psychologiques ainsi que celles liées à l’éducation des jeunes enfants et adolescents.

Résolument littéraire et hyper sensible, Sylvie est portée par le besoin profond de varier ses activités afin de nourrir la diversité de ses inspirations.

C’est drôle d’avoir dit ça est son deuxième roman après Léonard de Vinci et le dernier projet. 

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En savoir plus

Site web : https://www.sylviegueunoun.com

Facebook : https://www.facebook.com/sylviegueunoun

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